Il existe deux réalités distinctes : l’une est relative et l’autre Absolu. Elles se font mutuellement exister et devraient toujours rester équilibrées. Ce principe de coexistence se nomme une dualité.
Une dualité, c’est l’association de 2 éléments contraires dont chacun ne pourrait pas exister sans la présence de l’autre (supprimer l’un des éléments d’une dualité revient donc à supprimer les deux).
Les fondements de notre réalité
Ces dualités étant la base même de notre réalité, il n’est pas surprenant de les retrouver partout dans les apparences du monde et dans ses principes de fonctionnement.
Voici quelques exemples parmi des centaines d’autres (cette liste n’est évidemment pas exhaustive, ce n’est qu’un mince aperçu) :
- Génétique : male et femelle.
- Psychologie : conscient et inconscient.
- Philosophie : tout et rien.
- Mathématiques : vrai et faux.
- Espace : haut et bas.
- Temps : avant et après.
- Physique classique : action et réaction.
- Physique quantique : corpusculaire et ondulatoire.
- Métaphysique : Ying et Yang.
Vous pourrez en trouver d’autres vous-même puisque toutes réalités de notre quotidien ici-bas ne prennent forme qu’à partir de dualités (Droite-Gauche, Haut-Bas, Intérieur-Extérieur, Froid-Chaud, Lumière-Obscurité, Positif-Négatif. Etc., etc.).
Entraîné d’emblée à ne vivre qu’à moitié
Mais du nourrisson jusqu’à l’age de raison, chacun se voit sournoisement enseigner à diviser la réalité en deux et à totalement occulter l’une des parties.
Le fonctionnement « relatif / empirique » (aspects intellectuels, cartésiens, techniques) est outrageusement privilégié aux dépends du fonctionnement « absolu / holistique » (aspects émotionnels, intuitifs, artistiques).
C’est ainsi que dès le plus jeune âge, notre éducation « bien normale » nous éduque à ne plus considérer qu’un pan de la réalité. Et nous – confiants – on apprend nos leçons « bien comme il faut », apprenant sournoisement à ne vivre qu’à moitié.
Le champ de force
A la petite enfance, on dispose d’un champ de force nommé « innocence », qui tient bon face aux directives de la division. Cela nous permet durant plusieurs années de fonctionner dans l’équilibre de la totalité, sans renier un pan total de la réalité.
A ce stade, on sait encore faire une place aux intuitions et à l’imagination, aux rêves et à la magie. Mais sans cesse remit en question, contesté et attaqué, ce mode de fonctionnement va finir par peu à peu décliner.
La période-clé où tout se joue
Arrivé à l’adolescence, notre belle protection innée est déjà fortement altérée, mais avec le peu qu’il reste on sent intuitivement venir le danger – comme une sorte d’instinct de survie – et c’est là que tout se joue.
On sent que le moule auquel on nous propose d’adhérer (pour ne pas dire « imposer ») est vulgarisé, galvaudé, incomplet : c’est l’âge difficile des remises en question, des contestations et de la rébellion*.
(*) qui reviendra plus tard, quand on commencera à sentir qu’on s’est fait avoir avec
toutes ces normalités bidonnées (c’est la fameuse « crise de la quarantaine »).
Puis survient l’âge adulte – l’âge de raison – où devant l’incontournable « raison d’état normalisé » et la chape de plomb des standards imposés, on fini bel et bien par se faire une raison, autrement dit à se ranger à celle des autres.
La période-clé où tout est joué
C’est l’abandon de l’innocence et de ses alliés intuitifs (désormais considérés comme des tares) et la soumission définitive aux préceptes « normaux » de la demi-vie.
Nous voici enfin conforme. Tant pis si notre individualité ne se résume plus qu’à une cruelle demi vérité. Peu importe si tout un pan de ce que l’on est fondamentalement se retrouve relégué aux oubliettes : on est dans les normes, c’est tout ce qui compte.
La folie du monde : un malheureux hasard ?
Drôle d’état quand même, à partir duquel on trouve si naturel de ne plus vivre qu’à moitié. Du reste, c’est bien le monde lui-même qui est dans un drôle d’état, n’est-ce pas ? Mais est-ce vraiment un hasard ?
Un hasard ? Que nenni ! Si le monde entier marche sur la tête, c’est tout simplement que le monde dans son entier n’est que la résultante de ses individualités ! Or, de toute évidence la totalité des moitiés ne fait pas un monde complet.
Rien d’étonnant alors à ce que tout soit tellement bancal, aussi bien globalement qu’individuellement. Que chacun retrouve un peu de son innocence originelle, et c’est le monde dans son entier qui sera rééquilibré…
« C’est peut-être l’enfance qui approche le plus de la vraie vie »
André Breton (1896-1966) – Écrivain, poète, philosophe.